Historique du refuge Le Nordet

Par Bernard De Pierre

Photo du premier groupe de clients du P’tit Bonheur que j’ai eu le plaisir de guider au refuge Le Nordet par un tracé de 20 km hors-piste, début février 1975.

Nous sommes au printemps 1974, la mode du ski de fond prend de l’ampleur. Quelques amateurs à l’esprit montagnard priorisent le ski nordique, la longue randonnée en hors-piste.

À la base de plein air Le P’tit Bonheur, le directeur Gilles Parent et moi-même, alors chef moniteur, tous deux montagnards convaincus, décidâmes de pousser le développement du ski nordique et surtout de la longue randonnée, pour offrir à notre clientèle des itinéraires de deux jours avec coucher en refuge. C’est ainsi que nous avons entrepris la construction du premier refuge qui répondait à cette vocation dans les Laurentides : le Refuge Le Nordet.

Par la suite, de nombreux stages de ski nordique ont eu lieu au P’tit Bonheur, dont celui de l’Association des éducateurs physiques du Québec. C’est ainsi que leurs membres propagèrent cette activité dans leur région respective. Dès lors, le développement de nombreux circuits et traversées de longue randonnée avec refuges se concrétisa un peu partout, dans Charlevoix, la Mauricie, la Gaspésie et dans la plupart des parcs provinciaux.

Les photos en marge illustrent le transport par hélicoptère du refuge en kit à partir de la base de plein air Le P’tit Bonheur au site de construction du Nordet, et quelques prises de vue du montage faites par l’équipe de moniteurs. Cependant, il faut dire que ce refuge a fait tout un voyage avant de s’installer sur son site actuel. En effet, il est venu par train, de la Colombie-Britannique à Montréal après avoir traversé les Rocheuses, l’Alberta, la Saskatchewan, le Manitoba et l’Ontario puis jusqu’au Lac-Carré par le P’tit train du Nord. Enfin, par camion jusqu’au P’tit Bonheur où l’hélicoptère l’attendait pour son dernier voyage!

Changement de propriétaire

Au début des années 1990, l’auberge n’utilisait plus le refuge, en raison de son éloignement de son centre d’activités, il a été ainsi cédé à la corporation du Sentier de grande randonnée des Laurentides, Inter-Centre, pour la somme symbolique de un dollar (1 $).

La rénovation du chalet

Après 30 ans d’utilisation, les bases qui supportaient le Nordet, des « caissons » construits en bouleau jaune étaient pourris, le refuge risquait de « débouler », ce qui aurait été une catastrophe.

C’est alors que Claude Talbot entreprit le sauvetage et la rénovation du refuge. Il trouva les fonds nécessaires à l’achat des matériaux, il mit sur pied une bonne équipe de travailleurs pour soulever la bâtisse et ainsi refaire les « caissons » en bois traité. Plusieurs des matériaux servant à refaire la structure ont été fournis par la scierie G. M. Dufour de Saint-Faustin. Les amateurs de longue randonnée pourront donc encore en profiter de longues années.

Refuge de l’Appel, février 1980. De la gauche vers la droite, Madame Marcelle Lavoie, messieurs Yves Pagé, Yves Labelle et Luc Pagé.

Historique du refuge de L’Appel

Par Luc Pagé et Claude Talbot

La construction du refuge a débuté en 1977, par l’installation de la charpente et la pose des fenêtres. À l’époque avant les VTT, il fallait monter à pied les matériaux et les outils à partir de chemins forestiers et ensuite à travers bois, en longeant la décharge du lac de l’Appel. Une brève description vous donne une idée de l’ampleur de la tâche et les transports à effectuer: les clous, l’étoupe, les haches, les masses, l’équerre, les fenêtres qu’il ne fallait pas briser, etc.

En 1978, à l’aide d’une motoneige 2 chenilles et d’un gros traîneau, le reste des matériaux a été acheminé: la tôle pour le toit, les tuyaux et le poêle à bois, la laine minérale pour le plafond, les pelles, bref tout ce qui manquait pour finir le camp et y dormir.

Cinq personnes sont à l’origine de cette construction: Guy et Roger Belhumeur, Jean-Pierre Duval, ainsi que Claude et Luc Pagé. Ce groupe s’est donné le nom du « Club Chéri-Kawa ».

Il a été acquis par Inter-Centre en 1985, pour le prix des taxes impayées suite à une décision de la Municipalité de Saint-Donat.

Le refuge est situé dans le canton Archambault, face au lac de l’Appel, d’où il tient son nom. À l’origine, le lac était connu sous le nom de lac de la ligne. Cette même ligne borne les régions des Laurentides et Lanaudière de même que les municipalités de Saint-Donat et de Val-des-Lacs.  Son nom actuel, selon la légende, lui aurait été donné par les chasseurs qui fréquentaient ses environs, il invoquerait l’appel à l’orignal.

Lors de son acquisition en 1985, une première rénovation fut faite pour améliorer le refuge. En effet, le refuge était rustique et au fil des ans le plancher d’origine était assez détérioré et il a été refait. Au milieu des années 1990, une deuxième vague de travaux de rénovation fut effectué, dont le toit et un poêle neuf furent ajoutés.

En 2000, des membres de « La Traversée des Laurentides » bâtirent une annexe à la mémoire d’un de leurs membres décédés. Le reste du refuge étant en très mauvais état, une grande corvée fut organisée à l’automne 2005 pour agrandir et rénover le refuge qui a maintenant fière allure.

La Montagne Blanche

Par Bernard De Pierre

Pour le grand plaisir des amateurs de ski de fond nordique et de randonnée pédestre, le sentier de la montagne Blanche a été ajouté en 1997 à l’offre de service du « Réseau Inter-Centre ». En effet, après plusieurs années d’efforts, le sentier de la montagne Blanche est enfin ouvert.

Situation

La montagne Blanche est située au sud du lac de L’Appel et à l’ouest du lac Raquette. Aucune carte ne mentionne son nom, qui lui a été donné par les habitants de la région, car elle est très blanche dès les premières neiges et le reste jusqu’aux dernières giboulées de l’hiver.
Sa face est très escarpée, et son sommet de plus de 880 mètres d’altitude laisse voir des points de vue exceptionnels. On peut aussi l’apercevoir de Saint-Donat, du Lac-Supérieur et même de Sainte-Agathe-des-Monts.

Elle est accessible de deux façons :

  • 1. Pour les randonneurs venant de Saint-Donat ou du Lac-Supérieur, à proximité du refuge du lac de L’Appel, par un tracé en boucle de 5 kilomètres passant par le sommet pour revenir au point de départ.
  • 2. Pour la population venant de Val-des-Lacs, depuis le lac du Rocher par le sentier d’accès à l’Inter-Centre, d’où l’on peut rejoindre la boucle en direction du sommet.

Après le massif du Mont-Tremblant, c’est le plus haut sommet des Laurentides, dont l’altitude est la même que sa voisine, la Noire (dans Lanaudière).
Le tracé est en partie dans la municipalité de Val-des-Lacs et de Saint-Donat. Le sommet se situe dans Val-des-Lacs.
C’est aussi un attrait supplémentaire pour les amateurs de plein air qui louent nos refuges, puisqu’ils peuvent ajouter cette magnifique excursion à leur séjour, en passant une 2e nuit au refuge du lac de L’Appel.

Aspect technique

Le sentier de la montagne Blanche forme une boucle d’environ 5 kilomètres à partir d’Inter-Centre, dont le point de départ se situe à 1/2 kilomètre du refuge du lac de L’Appel. La montée jusqu’au sommet, dont le dénivelé est de 230 mètres, n’offre pas de grandes difficultés pour des randonneurs à pied ou à ski, en bonne condition physique. La descente en randonnée d’été n’offre pas plus de difficultés, aussi bien pour revenir au lac de l’Appel, que pour descendre aux lacs Raquette et du Rocher. Par contre, le tracé vers le lac de l’Appel, de difficulté intermédiaire, est vivement recommandé aux skieurs. L’autre tracé pour rejoindre le lac du Rocher, sans passer par le lac de l’Appel, a été ouvert en fonction d’une montée, et offre beaucoup plus de difficultés si emprunté à la descente. Donc non recommandé pour les skieurs.

Nous espérons que vous serez nombreux à profiter de ce coin de pays « paradisiaque ». Soyez prudents toutefois, surtout l’hiver, skiez en petits groupes, car vous êtes « loin dans le bois ».
Bonnes randonnées.

Protection et réintroduction du Canard branchu

Par André Bouchard, Lac-Supérieur

Les usagers du « Réseau Inter-Centre » seront heureux d’apprendre qu’une nouvelle activité d’accompagnement s’ajoute à l’offre de service des sentiers.

En effet, six nouveaux refuges ont été ajoutés le long du parcours, au grand plaisir des usagers intéressés à en connaître un peu plus sur la faune ailée du milieu. Ils seront bien en retrait du sentier, dans des milieux humides, à proximité des lacs de l’Appel et Bruyère.

Vous avez sans doute déjà deviné qu’il s’agit de nichoirs pour les canards qui nichent en hauteur dans des cavités creusées très souvent par le Grand pic.

Le Harle couronné et le branchu en sont les principaux utilisateurs. Mais c’est principalement sur le branchu que notre intérêt, ici, se porte. Unique à l’Amérique du Nord, classé comme un des plus beaux au monde, il mérite toute notre attention.

Dès les années 1900, sa population décimée par une chasse excessive et par la destruction inconsidérée de son habitat inquiète sérieusement les responsables de la faune des États-Unis et du Canada. Ils mettent en branle un projet, qui s’inscrit dans un plan nord-américain, consacré à la gestion du Canard branchu. Dès 1916, une convention entre les deux pays interdit la chasse de cette espèce à l’échelle du continent. Parallèlement à cette mesure, un projet de restauration est en marche. Son succès ne tarde pas à se faire sentir. Les effectifs augmentent de façon appréciable, à tel point que depuis 1950 une chasse contrôlée est de nouveau permise.

Pour maintenir l’équilibre rétabli, le projet se poursuit sur une base permanente. La gestion intégrée d’une forêt exploitée doit tenir compte de toutes les ressources du milieu, et pouvoir en assurer sa diversité. Harmoniser l’exploitation des arbres avec l’utilisation des autres ressources de la forêt, est un des l’objectif de « Réseau Inter-Centre ».

Adhérer au dit programme en est le meilleur moyen. Au Québec, la Société d’aménagement de la Baie Lavallière et Canards Illimités Canada sont les organismes responsables. Les nichoirs sont fournis gratuitement selon un protocole d’entente bien défini. Suppléer par ces nichoirs artificiels, au manque de cavités d’une forêt perturbée par les coupes, cela s’est avéré le meilleur des moyens pour aider à la nidification du Canard branchu.

Inter-Centre est maintenant le 56e collaborateur participant. Au dernier recensement les 1 443 nichoirs en opération, ont produit 1 693 canetons. C’est à espérer que nous en verrons patauger dans nos étangs cet été.
Lors de vos visites, SVP – ne cherchez pas les nichoirs, et si parfois, vous en apercevez un, de grâce, résistez à la tentation de vous en approcher. Une seule visite inappropriée au site est assez pour que la canne abandonne sa nichée. Allez plutôt, pied léger, œil exercé, tenter votre chance au gré du hasard des rencontres, le long des cours d’eau du territoire. Aux endroits dégagés près des marécages, faites une pause. Dans ces aires apaisantes, sentir la présence d’une vie qui bat, c’est assez pour contenter son âme. Et laissez à l’apanage des dieux, le soin d’en animer les lieux. À la beauté du milieu, ne point dire adieu. Il faut souvent plus d’un retour, pour combler un œil curieux, mais quand rêve et réalité sauront s’accommoder, ce sera votre tour.

Pour vous encourager à poursuivre votre démarche, voici donc le récit de ma dernière observation. Attentif aux abords d’un étang paresseux, à l’affût du moindre mouvement qui puisse déceler la présence d’une quelconque faune aux aguets, entre-temps, je combats une impatience fébrile, doublée d’anxiété permanente. Puis voilà que furtivement, sur l’onde amoureuse de calme et d’immobilité, derrière un rideau d’herbier, un mince sillon aussi léger qu’un frisson trahit l’imperceptible mouvance d’un gracieux plumage enrubanné d’un éclatant coloris. Cela laisse présager une proie de valeur. Ma lunette suit avec attention le déplacement. Entre chaque roseau, l’étincelle, à découvert au grand soleil, c’est l’apothéose.

Tout s’éclate, scintille et pétille, mes pupilles frétillent. C’est un feu d’artifice, aux reflets mobiles, un orgasme de couleurs, c’est l’extase. Ne vivre que pour ce moment de grâce. À tant de beauté sur un seul être concentré, l’intervention divine, je devine. Ma pression monte, je suis au comble, mes jambes trépignent, c’est mauvais signe, mon cœur palpite, si près d’une mort subite… Je te salue mon frère Branchu.

La passion d’André Bouchard pour le Canard branchu n’a jamais failli. Il est littéralement un apôtre voué à la survie de ce canard flamboyant. Nous sommes heureux de le compter parmi nos personnes-ressources, et le remercions de sa contribution.

De plus, nous voulons remercier CANARDS ILLIMITÉS CANADA pour nous avoir fourni gracieusement 6 nichoirs et 2 magnifiques panneaux d’interprétation que vous pourrez consulter au lac de l’Appel et au lac Bruyère (lac en face du refuge du Nordet). Nous vous souhaitons de pouvoir observer l’oiseau et peut-être de le photographier.

Le Sentier national au Québec, SNQ

Il existe partout dans la province de Québec et au Canada des sentiers de randonnée qui sont utilisés depuis plus ou moins longtemps. Certains sont bien entretenus parce que des clubs, des municipalités, des entreprises privées ou des organismes sans but lucratif s’en occupent.

Tous ces sentiers ne sont pas a priori reliés entre eux. Les liens entre ce qui existe déjà, voilà ce à quoi s’intéresse une organisation comme le Sentier national canadien et ses sections provinciales.

C’est ainsi que la première intervention du Sentier national a débuté en 1987 avec l’identification de deux sentiers déjà en opération soit le Bruce Trail et le Rideau Trail en Ontario.

L’idée d’un sentier traversant le Canada a germé dès les années 1970 dans la tête d’un Albertain de Canmore, Doug Campbell. En 1977, l’organisation prend forme et se donne un statut officiel. Ainsi naît l’Association canadienne du Sentier national et en anglais, le National Trail Association of Canada.

La section provinciale du Québec du Sentier national canadien, le Sentier national au Québec (SNQ) identifia sa première piste de randonnée dans Lanaudière en 1990, le Sentier de la Matawinie.

De la province de l’Ontario jusqu’à celle du Nouveau-Brunswick, 1 500 km de sentier sont projetés par le SNQ. Depuis 1990, plus de la moitié du trajet a été identifié. Inter-Centre est une de ces sections. Probablement que son dynamisme y joue un rôle certain.

« Réseau Inter-Centre » et le Sentier National au Québec (SNQ)

« Réseau Inter-Centre » met à la disposition du SNQ le sentier Inter-Centre, un tronçon de 26,7 km et autorise par le fait même la pose de leurs balises. Par conséquent, on retrouve outre les balises propres au sentier Inter-Centre, la balise double rectangle blanc et rouge du SNQ. Inter-Centre s’efforce également de réaliser des aménagements selon des normes pancanadiennes.

Il arrive que des travaux puissent être réalisés conjointement par ces deux corporations, pensons au pont de la Vallée. La dimension du pont, qui faisait plus de dix mètres, devait respecter certaines exigences normatives du ministère des Ressources naturelles. Un plan conforme, élaboré par un ingénieur, fut présenté et accepté par ce ministère. Les matériaux donnés par une scierie furent acheminés en motoneige pendant l’hiver 2004 par des bénévoles d’Inter-Centre. Finalement, une équipe du Sentier national du Québec et quelques bénévoles d’Inter-Centre unissaient leurs efforts pour la réalisation du projet. L’équipe du Sentier national du Québec était subventionnée par un programme de Volet II. Inter-Centre s’est occupée de la surveillance des travaux réalisés par des bénévoles. Ce genre d’intervention et de collaboration quoique ponctuelles constitue tout de même une aide précieuse aux deux organisations.

Liberator Harry

Claude Lambert, anthropologue-historien

Société Historique de Saint-Donat
C.P. 981-442, rue Nadon
Saint-Donat (Québec) JOT 2C0

Un bombardier Liberator canadien s’écrase sur la montagne Noire à Saint-Donat en 1943.

Un Liberator, un B-24D, s’est écrasé sur la montagne Noire en octobre 1943. Il y avait à bord 24 militaires. Tous ont péri dans l’accident. Ce qui donne à cette tragédie un caractère particulier, c’est qu’il ait fallu attendre plus de deux ans et demi pour retrouver l’appareil. Pour les Forces armées canadiennes, il s’agit de la plus grande catastrophe aérienne à survenir sur son territoire jusqu’à présent.

L’origine du B-24 canadien

Le Liberator qui s’est écrasé sur la montagne Noire a été acheté en septembre 1943 de la « United States Army Air Force » (USAAF) et portait le numéro de série 41-24236. Seul vestige de l’USAAF, l’étoile américaine est encore visible aujourd’hui sur une aile du Liberator. L’appareil était immatriculé 3701H avec le H pour « Harry ». Il faisait partie d’un groupe d’achat de quatre Consolidated Liberator anti-sous-marins B-24Ds. Les quatre appareils, au moment de leur usage dans l’USAAF, ont servi à l’attaque des U-boat allemands et devaient être utilisés au même genre d’opération avec l’Aviation royale du Canada (ARC). Cependant, à cause de leur mauvais état, on a dû plutôt les employer pour l’entraînement et le transport général.

Le 10e escadron (BR)

L’escadron attaché au pilotage des premiers Liberators canadiens est le 10BR (Bomber Reconnaissance). Avant qu’on lui assigne officiellement ce nom en 1939, il portait celui de « 3 Bomber Squadron ». Durant ses huit années d’existence, l’escadron pilota successivement des Westland Wapitis, des Douglas Digbys et enfin, à partir d’avril 1943, des Liberators.

Au cours de son histoire, le 10BR a attaqué 22 U-boat et en a coulé trois. L’escadron a été démantelé à Torbay, Terre-Neuve, le 15 août 1945.

 

Consolidated B-24D Liberator

Envergure : 110 pieds (33,53 m)
Longueur : 66 pieds 4 pouces (20,24 m)
Hauteur : 17 pieds 11 pouces (5,45 m)
Poids maximum : 60 000 livres (27 215,54 kg)
Propulsion : 4 moteurs Pratt & Whitney R-1830-43
Armement : 11 mitrailleuses de calibre
Vitesse maximale : 303 m/h (487,58 km/h)
Plafond : 32 000 pieds (9 754 m)
Autonomie : 2 850 milles (4 586,63 km)
Équipage : 10

Le jour de l’accident

Par un temps pluvieux, le 19 octobre 1943, un bombardier Liberator de l’ARC quitte tardivement la base de Gander à Terre-Neuve pour un vol de routine vers Mont-Joli. À son bord, quatre (4) membres d’équipage et vingt (20) militaires en permission. Vers 1 h 45, après le dernier contact radio avec la tour de contrôle à Mont-Joli, on n’aura plus de nouvelles de l’appareil. Aussitôt sa disparition constatée, des recherches sont entreprises. Le Commandement aérien de l’est du Canada a effectué 728 sorties pour un total de 2 438 heures de vol dans le corridor qu’aurait dû suivre le bombardier, mais en vain.

Saint-Donat, le 20 octobre 1943

Des villageois se souviennent d’avoir entendu les moteurs d’un gros avion passant à basse altitude au-dessus de Saint-Donat. Un dénommé M. Moore, villégiateur demeurant au lac Archambault, aurait même averti les autorités militaires d’un écrasement possible d’avion. Les autorités auraient jugé l’information non plausible ! M. Jos Gaudet, alors gardien de la tour à feu provinciale nº 4 au lac Archambault, avait bien remarqué quelque chose qui brillait près du sommet de la montagne Noire, mais il l’avait interprété comme étant une roche qui aurait perdu sa mousse !

Découverte de l’avion

Le 20 juin 1946, alors qu’un autre avion est porté disparu entre Rockcliffe et Roberval, un avion de recherche militaire, piloté par le Lt. B.D. Inrig, survole la région de Saint-Donat et aperçoit la queue double qui caractérise bien le Liberator, près du sommet de la montagne Noire. Dès lors, les recherches sont entreprises pour identifier l’appareil, et la journée même, une équipe formée de militaires et de citoyens Donatiens est dépêchée sur les lieux.

Cette équipe est dirigée par le Capitaine d’aviation Harry Cobb de l’ARC. D’après ce dernier, les passagers de l’appareil ont tous été tués sur le coup. L’enquête du coroner menée par le Dr J.-A. Melançon de Joliette dira le jour même que les passagers ont été tués accidentellement. L’avion aurait pris feu après sa chute. Seuls l’assemblage et le fuselage arrière ainsi que les moteurs auraient été épargnés. Des cartes d’identification et des vêtements d’aviateurs ont été rapportés des lieux. Trois cadavres seulement ont été identifiés.

Des rumeurs

L’événement qui constitue l’écrasement du Liberator alimentera durant de nombreuses années des conversations où s’entremêlent parfois les suppositions et les faits réels. Voici quelques-unes des rumeurs non confirmées ou même démenties par les Forces armées canadiennes qui ont circulé, ou qui circulent encore aujourd’hui.

On raconte que quelques semaines après l’écrasement, un avion militaire aurait survolé la montagne Noire sans apercevoir le Liberator; un talon haut aurait été retrouvé sur les lieux de l’accident, laissant supposer qu’une femme était à bord ou qu’un des militaires rapportait une paire de chaussures en cadeau. D’après la disposition des corps au sol, on a avancé qu’au moins une personne se serait traînée jusqu’à un arbre, éloignée des débris; au début des recherches, on raconte que l’Armée ne voulait laisser aucune trace de son passage et tenait les curieux à l’écart du site de l’accident. Un an ou deux après l’événement, des Sorellois seraient venus à la montagne pour récupérer le métal (aluminium) de l’avion et l’ont transporté à une fonderie. Ils auraient demandé à des bûcherons, qui travaillaient à la rivière Michel, de descendre des morceaux avec leurs chevaux.

Du côté des journaux maintenant. On rapporte que des gens auraient pillé l’appareil avant sa découverte officielle et se seraient emparés de matériel et de pièces du bombardier. On ajoute aussi que des trappeurs auraient aperçu les débris de l’avion avant que l’Armée ne les découvre. D’autres font état que des déserteurs de l’Armée et des trappeurs ont volé de grosses sommes d’argent des cadavres. Cette rumeur de pillage sur les cadavres a été démentie par l’honorable Colin Gibson, ministre de l’Air, ainsi que par le Capitaine d’aviation Harry Cobb. Ce dernier affirme d’ailleurs : « Je suis sûr que nous sommes les premiers à visiter la scène de l’accident ». Ces déserteurs, dit-on, vivaient dans une cachette dans les montagnes environnantes. Le « Herald Journal » de Montréal ajoute que les autorités fédérales auraient reçu un rapport secret au mois d’août 1945 sur ces déserteurs et leur histoire. D’autre part, le Capitaine d’aviation Harry Cobb aurait envoyé un message à l’Assistant directeur Hilaire Beauregard de la Sûreté provinciale du Québec sur cette affaire. Ce dernier aurait aussitôt assigné deux détectives à une enquête.

Honneur aux victimes

Dans l’après-midi du 3 juillet 1946, parents et amis des victimes gravissent la montagne afin de rendre un dernier hommage aux disparus. De nombreux militaires viennent aussi saluer une dernière fois leurs confrères. À la mémoire des défunts et pour respecter les croyances de chacun, trois cérémonies différentes seront organisées, soit une catholique, une protestante et une juive, respectivement célébrée par les abbés commandants d’aile Leonard A. Costello, Robert M. Frayne et le rabbin capitaine Ephraim F. Mandelcorn. Le vicaire de la paroisse assiste également aux obsèques, l’abbé Gérard Supper, ainsi que trois religieux, des Pères du Très-Saint-Sacrement, assistent aussi aux obsèques.

Le maire du village, M. Richard Coutu, apporte une couronne de fleurs au nom de ses concitoyens. Une plaque commémorative, sur laquelle les noms des victimes ont été inscrits, est installée sur un muret de pierre accolé au rocher au pied duquel les corps sont ensevelis.

Le lieu de culte isolé sera entretenu pour plusieurs années par les garçons de la famille de M. Jos Regimbald et de Madame Agnès Désormeaux de Saint-Donat, soit Ernest, Lucien et Marcel. Ils seront rémunérés par les Forces armées canadiennes.

Profanation des lieux

Au cours de l’été 1985, ayant été avertie de la violation de la sépulture, l’Agence canadienne de la Commission des Sépultures de guerre du Commonwealth, responsable des lieux, décida de transporter les dépouilles au cimetière de la paroisse. Un monument y est érigé sur lequel on a fixé la plaque commémorative ainsi qu’une épitaphe

Bénédiction d’un obélisque au cimetière de la paroisse de Saint-Donat.
En juin 1996, lors de la commémoration du 50e anniversaire de la découverte du Bomardier Liberator, on procède, au cimetière de la paroisse de Saint-Donat, à la bénédiction d’un obélisque funéraire réalisé par l’Agence canadienne de la Commission des Sépultures de guerre du Commonwealth et dédié aux 24 militaires décédés.

Le sentier Inter-Centre traverse le lieu de l’écrasement, pour vous rendre au site du Liberator, voir les itinéraires d’une journée

La liste des victimes

Le quartier de l’Aviation royale canadienne a publié la liste des 24 membres du Corps d’aviation royal canadien (CARC), disparus avec le Liberator, retrouvé à Saint-Donat.

Le lieutenant d’aviation J.A.R. Poirier, Kenora, Ontario
L’officier-pilote, S.A. Sanderson, London, Ontario
L’officier d’aviation, H.F. Fisher, Armstrong, Colombie-Britannique
L’officier pilote J.S. Johnston, Sarnia, Ontario
Les sous-officiers brevetés :
J.A. Barabonoff, Vancouver
F.A.E. Jenkins, Mullview, Île-du-Prince-Édouard.
J. Silverstone, Windsor, Ontario
W.I. Howlett, Galahad, Atberta
L’officier-pilote J. Lamond, Vancouver
R.W. Mc Donald, Woodstock, Nouveau-Brunswick
Le sergent E.M. Finn, Totonto
Le sergent W.J. Mc Naughton, Montréal
Le sergent d’aviation R.F. Ware, Vancouver
Le sergent F.H. Elliot, Slocan, Colombie-Britannique
Le capitaine A.D. Beattie, Nash Creek, Oakville, Ontario
L’aviateur-chef C.L. Dynes, Oakville, Ontario
Le capitaine A.C. Johnston, Toronto
Le sergent S.A. Wood, Palgrave, Ontario
L’aviateur-chef J.A..J.P. Veilleux, Thetford-Mines, Québec
L’aviateur-chef G.R. Patterson, Mille-Roches, Ontario
Le caporal H.A. Hembley, Woodstock, Ontario
Le caporal RD. Marr, Ketebec, Nouveau-Brunswick
L’aviateur-chef E.W. Head, Rochester, New York
L’aviateur-chef A.J. Radcliffe, Rivers, Manitoba

Montagne Noire

Altitude de 2 925 pieds / 892 mètres.

La « Montagne Noire » paraît sur la carte du canton d’Archambault de 1881. En 1937, cette appellation paraît sur une carte du comté de Montcalm publiée par le ministère des Terres et Forêts.

Lac de l’Appel

Ce lac se situe au sud-ouest du territoire de Saint-Donat, sur le versant nord de la montagne Blanche. De forme circulaire, il a moins de 500 m de largeur et se déverse vers le nord-est par un ruisseau qui rejoint la rivière Saint-Michel. Le nom Lac de l’Appel a été relevé sur une carte de 1956 et son usage a été confirmé lors d’enquêtes toponymiques menées en 1963 et en 2005. Il ferait référence à l’appel que font les chasseurs lors de la chasse. Un refuge pour les randonneurs y est aménagé puisque le sentier national passe à proximité. Ce lac est aussi connu sous le nom Lac de la Ligne. Certains affirment que c’est sa situation sur la ligne de crêtes des bassins versants des Laurentides et de Lanaudière qui lui vaut cette appellation.

Les lacs Raquette, Lézard, Du Rocher et Ti-Gris

La Commission de toponymie n’a pas diffusé de renseignements sur l’origine des noms, leurs significations ou sur la raison pour laquelle on l’a attribué au lieu, soit parce qu’elle n’a pas l’information en main, soit parce que son programme de diffusion ne lui a pas encore permis de le faire. Elle invite toute personne détenant un renseignement intéressant sur l’un ou l’autre de ces sujets à communiquer avec la Commission pour lui en faire part.

Lac en Croix

Ce petit lac d’une longueur de 340 m se situe sur le flanc ouest de la montagne Noire, à une dizaine de kilomètres au sud-ouest du centre villageois de Saint-Donat. Son nom vient de sa configuration cruciforme.

Lac Bruyère (près du refuge Le Nordet)

Certains le nommait le lac Sans nom; une vérification a été effectuée auprès de la  Commission de toponymie  et le nom du lac en face du refuge Le Nordet est le « Lac Bruyère ».

Chemin du Nordet

Cette voie est localisée dans la partie nord du territoire des municipalités de Lac-Supérieur, de Val-des-Lacs et de Saint-Donat. De plus, ce nom identifie un refuge situé à proximité de ce chemin et qui dessert les sentiers de randonnée utilisés pour le ski de fond, la randonnée pédestre et la raquette.

Saint-Donat

Perchée à plus de 400 m, cette municipalité compte parmi les plus hautes des Laurentides et prend place au sein d’une série d’élévations qui atteignent jusqu’à 900 m. Sa position élevée lui a mérité le surnom de Suisse des Laurentides. Un grand nombre de lacs, entourés de belles forêts, complètent le décor de Saint-Donat, implantée sur les rives du lac Archambault, près du lac Ouareau, au nord-ouest de Notre-Dame-de-la-Merci, dans Lanaudière. L’histoire Donatienne débute dans la seconde moitié du XIXe siècle avec l’arrivée, vers 1870, de pionniers en provenance de Saint-Jean-de-Matha, Rawdon et Chertsey. Ils fondent la paroisse de Saint-Donat, parfois identifiée comme Saint-Donat-de-Montcalm, en 1874, érigée canoniquement en 1911. Le bureau de poste, ouvert en 1879, a repris par ailleurs cette appellation. Celle-ci célébrerait, selon certains, la mémoire de l’abbé Donat Coutu, nommé curé en 1874, dont les frères Léandre, Régis et Césaire s’établissent sur le territoire. Or, le premier curé de Saint-Donat, en 1874, est l’abbé Alexis-Henri Coutu (1838-1907), suivant une monographie récente et l’abbé Donat Coutu n’aurait jamais été curé comme tel de la paroisse! La précision locative Montcalm évoque le comté municipal d’alors et, plus tard, une division de recensement. Au point de vue municipal, on assiste d’abord à la création de la municipalité du canton de Lussier, en 1905, dont le nom rappelle la première famille à s’établir dans la vallée de la Rivière-Matawin. Elle prendra le nom de Saint-Donat en 1953, tout en se voyant reconnaître le statut de municipalité. Saint-Donat a une certaine importance industrielle et on y fabrique notamment des moulures en bois. Les Donatiens exploitent avec parcimonie les richesses paysagères dont ils disposent et qui attirent de nombreux touristes depuis 1915, mais sur une base plus large depuis 1950. Sur la montagne Noire, voisine, un monument rappelle un accident d’aviation qui a coûté la vie à 24 aviateurs pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Lac-Supérieur

Au nord-ouest de Sainte-Agathe-des-Monts et au nord-est de Saint-Jovite dans les Laurentides, à proximité de centres de ski importants, cet endroit enchanteur pailleté de plusieurs lacs constitue un site de villégiature par excellence. Sa localisation à l’extrémité du canton de Wolfe justifie qu’il ait été érigé en 1881 sous le nom de Wolfe, en rappel du militaire britannique James Wolfe (1727-1759), vainqueur de la bataille des Plaines d’Abraham. Cette dénomination devait être modifiée en 1944 pour Saint-Faustin, nom d’une paroisse fondée en 1878, l’actuelle municipalité qui porte aujourd’hui ce nom occupant jadis une aire géographique beaucoup plus vaste. C’est en 1957 que la municipalité a reçu son appellation présente, auparavant attribuée au bureau de poste mis en service en 1913, que sa position dans la partie nord du canton explique de même que la présence d’un lac homonyme. Les premiers colons à s’y établir étaient des Canadiens rapatriés de la Californie et de l’ouest des États-Unis.

Val-des-Lacs

La multitude de plans d’eau que l’on retrouve sur le territoire de cette municipalité a tout naturellement entraîné le choix de sa dénomination. Elle a été établie dans la région des Laurentides, à quelque 25 km au nord de Sainte-Agathe-des-Monts, avoisinant Lac-Supérieur, à l’ouest. Bien qu’ayant été ouvert à la colonisation à la fin du XIXe siècle, l’endroit ne verra sa première paroisse s’implanter qu’en 1928 sous l’appellation de Saint-Agricole, laquelle souligne éloquemment l’importance des terres en culture à l’époque. Sur le plan religieux, Saint-Agricole, que l’Église célèbre sous le nom d’Agricola le 4 novembre, a été martyrisé à Bologne en 304 avec son serviteur Vital. Cependant, il existe un autre saint portant le nom d’Agricol(e), qui a vécu au VIIe siècle et dont la vie est légendaire. Il aurait été évêque d’Avignon (vers 630-700). L’Église célèbre sa fête le 2 septembre. La vocation nettement agricole des lieux continuant de prévaloir en 1932, la municipalité alors créée reprend la même désignation, que l’on peut relever comme appellation du bureau de poste local entre 1894 et 1968. L’agriculture ayant connu une désaffectation importante au cours des années 1960, on modifie la dénomination municipale en Val-des-Lacs. Les Vallacquois offrent aux touristes et aux gens, qui désirent fuir un temps la vie urbaine trépidante, une vaste gamme d’équipements de loisir et de villégiature : chasse, pêche, natation, camping, etc.